Novità > Scienza e filosofia:circolazione dei saperi nel Mediterraneo >

Scienza e filosofia: circolazione dei saperi nel Mediterraneo (secoli IX-XVI)

ABSTRACTS

AARAB, Ahmed (Université de Tanger)
«Principales contributions de Jāhiz aux sciences zoologiques»
Ce travail traite d’une œuvre intitulée Kitāb al-hayawān (Le Livre des Animaux) réalisée par Jāhiz, savant arabe du viiie -ixe siècle. Il s’agit d’un livre composé de sept volumes d’à peu près 400 pages chacun. À partir de cette étude, il nous a été possible d’apprécier la contribution de Jāhiz dans le domaine de la zoologie et en particulier dans celui de l’écologie et de l’éthologie. C’est le cas en particulier de l’orientation animale à propos de laquelle l’auteur affirme pour la première fois l’existence d’une faculté permettant aux animaux d’utiliser un certain nombre de repères géographiques ou stellaires afin de retrouver le chemin du retour à leurs gîtes.
C’est aussi le cas de la communication animale. Jāhiz a pu distinguer, à travers plusieurs exemples pris sur diverses espèces animales, différents canaux permettant à ces dernières de communiquer. Ainsi, a-t-il mis en étroite relation la richesse du langage avec le nombre de besoins existant chez une espèce donnée. Ceci lui a permis d’identifier pour certaines espèces le type de cri correspondant à leur besoin respectif.
D’autres aspects originaux ressortent également de son œuvre ; c’est notamment le cas de la reproduction animale. Il est en effet important de remarquer que Jāhiz s’est rendu compte des diverses stratégies reproductives existant chez les espèces animales et permettant à celles-ci de survivre. Ce qui l’a amené à dégager une loi mettant en étroite relation la taille de la descendance et la qualité des soins accordés à celle-ci. Jāhiz disposait donc, déjà, des premières bases de la théorie de Fischer (1930) sur l’investissement parental. Dans le même domaine de la reproduction animale, Jāhiz a réussi à mettre en avant un certain nombre de facteurs susceptibles d’influer sur la difficile reproduction chez les animaux sauvages en captivité. Ces facteurs étaient également pris en compte en vue de faire réussir leur reproduction.
Soulignons d’autre part, l’importance des textes de Jāhiz sur l’apprentissage et le conditionnement chez les animaux, notamment chez les chiens. Ces textes rappellent à bien des égards les expériences de Pavlov dans le domaine des réflexes conditionnés.

ABGRALL, Philippe (CNRS)
«La construction pratique des astrolabes : l’exemple du traité d’al-Sāghānī sur La manière de projeter la sphère»
La construction des astrolabes, instruments conçus à la fin de la période hellénistique, a connu un développement sans précédent à partir du ixe siècle, en raison, notamment, d’une demande sociale importante provenant des professions d’astronome, d’astrologue, de médecin. Dans le même temps, les problèmes posés par la construction de l’astrolabe ont été étudiés attentivement par les géomètres dès le milieu du ixe siècle, et ces études les ont menés à concevoir les premières transformations projectives, et ont amené deux d’entre eux, al-Qūhī et Ibn Sahl, dans la deuxième moitié du xe siècle, à énoncer une théorie générale de la projection locale de la sphère. Bien que ces travaux se situent alors à la pointe de la recherche en géométrie pure, certains des savants occupés à poursuivre l’examen des différents types de projections, et de leurs propriétés, s’intéressent également aux méthodes pratiques qui permettent à l’artisan de réaliser effectivement la construction d’un instrument. C’est ainsi que le traité sur la projection de la sphère, écrit par al-Sāghānī au xe siècle, se partage en deux parties dont la seconde est consacrée aux méthodes pour l’artisan. L’exposé a pour but d’examiner les relations géométriques entre les deux parties, afin d’une part, d’expliquer les démarches pratiques, et d’autre part, d’alimenter la réflexion plus générale sur les relations et les échanges entre les communautés de savants et d’artisans au xe siècle.

ADAMSON, Peter (King’s College)
«The Baghdad Peripatetics on Knowledge of Particulars»
In a notorious passage of his Shifā’, Avicenna argues that God has no knowledge of particular objects as such, but only by means of His knowledge universals. In a recent article I argued that this passage concerns itself chiefly with the requirements on knowledge (in the strict sense) laid down in Aristotle’s Posterior Analytics. As it turns out neither God nor humans have “knowledge” of particulars in the strict sense, for all knowledge is universal. However Avicenna was not the first in the Arabic tradition to worry about the implications of Aristotle’s epistemology for divine knowledge. In this paper I will investigate how Avicenna’s predecessors amongst the so-called “Baghdad Peripatetics” dealt with this issue, focusing especially on Yahya ibn ‘Adi, a Christian philosopher who was a student of al-Farabi. Ibn ‘Adi’s discussion is interesting insofar as he tries to explain divine knowledge in terms of God’s creative relationship with humans, who do have a direct grasp of particulars. I will also try to set the context for this issue as it emerges from later Greek discussions of demonstrative knowledge and al-Farabi’s own remarks that may shed light on whether or not one can strictly speaking have “knowledge” of particulars.

AKASOY, Anna Ayse (Warburg Institute)
«Ibn Sab‘īn Averroist. The Sources of the Sicilian Questions»
The fame of the Sufi and philosopher Ibn Sab‘īn of Murcia (ca. 1217-1270) is based on his radical ontology of the wahdat al-wujūd (“unity of existence”) as well as on his Sicilian Questions, answers to philosophical questions allegedly sent to the arab world by the emperor Frederik II. The structure of this text is quite original and might reflect its use as an introduction to Greek and Islamic interpretations of Aristotelian philosophy. Using major problems of contemporary philosophy (eternity of the world, divine science, categories, immortality of the soul) as starting points, Ibn Sab‘īn presents key terms and concepts of peripatetic philosophy as well as the controversies arising from their interpretations. The originality of the general structure, however, is hardly comparable with the explanations themselves which are often rather confused. The various inconsistencies within the Sicilian Questions can be in part explained by the variety of sources Ibn Sab‘īn used. They range from popular neoplatonic texts like the Rasā’il of the Ikhwān al-Safā’ over al-Fārābī’s Falsafat Aristūtālīs to texts which have rarely been used by Muslim authors such as Ibn al-Sid al-Batalyawsī’s Kitāb al-hadā’iq and Ibn Rushd’s commentaries.
In my communication I will present the hypothesis that they reflect a century of Almohad rule, from the propaganda in the initial phase over the flourishing of peripatetic philosophy under Abū Ya‘qūb Yūsuf until the later years and the new rise of mysticism.

ALLARD, André (FNRS/Université de Louvain-Namur)
«L’influence des mathématiques arabes dans la tradition des problèmes arithmétiques médiévaux»
On sait comment à partir de la seconde moitié du xiie siècle, à la faveur des premières traductions ou adaptations en latin du «Calcul indien» et de l’algèbre d’al-Khwārizmī, la science occidentale tira progressivement profit des apports des connaissances arabes. Il existait d’autre part une longue tradition relative aux problèmes de la vie quotidienne, soit immédiatement pratiques (héritages et partages), soit scolaires, «aptes à aiguiser l’esprit des jeunes-gens» (Alcuin, ixe siècle) («L’âge d’un enfant, les cent oiseaux, la lance, les arbres, les rencontres, les passages de rivière…»). Résolus de manière arithmétique, ces problèmes connurent aux xiie et xiiie siècles des méthodes issues directement de la science arabe, qui furent adaptées aux mêmes intitulés. Ces méthodes permirent, par exemple, par l’usage des règles de «fausse position» (elchatayn de Fibonacci) la résolution, jusqu’alors difficile, de problèmes correspondant aux équations linéaires :

équations


AOUAD, Maroun (CNRS)
«Le Commentaire moyen à l’Éthique à Nicomaque par Averroès : textes politiques»
Le Commentaire moyen à l’Éthique à Nicomaque par Averroès est-il un simple exposé du texte d’Aristote éclairant à l’occasion tel ou tel point relatif à la structure ou à la terminologie de cet ouvrage ? Ou bien aborde-t-il des problèmes nouveaux que le Stagirite n’avait pas évoqués ? Ces questions auxquelles plusieurs chercheurs essaient actuellement de répondre seront envisagées dans la présente communication en rapport avec des passages «politiques» du Commentaire d’Averroès : ceux concernant la loi naturelle, l’équité, et les régimes politiques.

AROUA, Mahmoud (Alger)
«De quelques éléments anatomo-physiologiques du cerveau et des nerfs chez Ibn al-Nafis»
Dans son commentaire de l’anatomie du Canon d’Ibn Sīnā (Sharh al-Qanūn), Ibn al-Nafis (1261-1288) émet des critiques sur certaines données d’anatomie et de physiologie cérébrales telles que conçues par Ibn Sīnā ou par les auteurs anciens. Il va même à l’encontre des hypothèses établies concernant les ventricules cérébraux supposés vides pour contenir le pneuma en remettant en question le cheminement des facultés psychiques selon la théorie cellulaire : le sens commun dans les deux ventricules antérieurs, la raison dans le ventricule moyen, la mémoire dans le ventricule postérieur. Ibn al-Nafis confrontera ces données à ses propres observations. Notre étude contribuera à mettre en valeur quelques éléments originaux apportés par Ibn al-Nafis non seulement par rapport à ses prédécesseurs mais aussi à ses successeurs, à l’exemple de Vésale (1514-1564).

BANCEL, Faïza (Université Paris 7)
«Méthodes mathématiques pour déterminer les poids spécifiques dans les textes d’hydrostatique arabe»
‘Abd al-Rahmān al-Khāzīnī rapporte, dans son Kitāb Mīzān al-Hikma (rédigé en 515/1121), plusieurs textes de ses prédécesseurs sur l’hydrostatique. Ainsi, nous trouvons dans cette œuvre encyclopédique de nombreux textes, rédigés par des savants grecs et arabes et qui traitent de la question des poids spécifiques, des textes d’Archimède, de Pappus, de Ménélaus, d’Abū al-Rayhan al-Bīrūnī, de ‘Umar al-Khayyām et de Muhammad ibn Zakariyyā’ al-Rāzī.
Tous ces savants ont mesuré, avec des instruments différents, les poids des substances dans l’air et dans l’eau afin de comparer leurs poids spécifiques. Al-Khāzinī nous rapporte de nombreux tableaux contenant les différents résultats de ces mesures. Plusieurs méthodes mathématiques ont été ensuite employées pour distinguer les substances, en particulier les métaux, en comparant leurs poids spécifiques : par l’algèbre, par la théorie euclidienne des rapports et par la géométrie. Cette dernière méthode géométrique détaillée et strictement démontrée, n’est utilisée que par al-Khāzinī qui l’expose au sixième chapitre de son traité.

BELLÉ, Riccardo (Università di Pisa)
«Le fonti di Biagio Pelacani: Euclide e Alhazen nelle Questiones perspectivae»
Il nostro contributo tratta delle fonti delle Questiones perspectivae di Biagio Pelacani da Parma soffermandosi in particolare sulle influenze di Euclide e Alhazen. Prenderemo in esame la Questio I, 16 dedicata alla percezione della grandezza degli oggetti. Questo problema è affrontato anche nell’Optica di Euclide, dove la percezione delle dimensioni viene ricondotta alla sola misura dell’angolo sotto il quale la grandezza viene vista. Biagio, pur dimostrando di conoscere la teoria euclidea, se ne discosta energicamente («proportionem obiectorum non insequi absolute proportionem angulorum»); alcune sue conclusioni sembrano invece riecheggiare la teoria, notevolemente più elaborata, di Alhazen.

BELLOSTA, Hélène (CNRS)
«La tradition arabe des Données d’Euclide»
Les Données d’Euclide, propédeutique à l’analyse, ont suscité, tant dans le monde gréco-hellénistique que dans le monde arabe, ou plus tard en Europe, beaucoup moins d’intérêt que Les Éléments, et ont été beaucoup moins étudiées et commentées. On s’attachera dans cet exposé à montrer comment l’intérêt pour le problème de l’analyse qui se manifeste dès le ixe siècle dans le monde arabe a incité quelques géomètres à énoncer d’autres propriétés dans la langue des Données, forgeant ainsi l’un des outils des méthodes d’analyse géométrique qui se développent dans le milieu des géomètres de Bagdad.

BEN MILED, Marouane (Université de Tunis)
«Le livre X dans le Commentaire sur les prémisses des Éléments d’Euclide d’Ibn al-Haytham»
Les commentateurs du Livre X des Éléments au xe siècle (Ibn ‘Isma, al-Khāzin, al-Ahwāzī) s’étaient éloignés du Livre X, essentiellement par une approche algébrique et par une interprétation numérique des grandeurs euclidiennes, mais également par une définition métrologique de la rationalité particulièrement adaptée à cette approche algébrique. Dans ces commentaires, la mesure de chaque grandeur par l’unité qui lui est homogène n’est pas explicitement fondée. Au début du xie siècle, Ibn al-Haytham adopte un point de vue opposé, euclidien à double titre ; d'abord parce que son commentaire est de nature géométrique, mais encore parce que la commensurabilité en est la pierre angulaire, comme dans le Livre X. Ibn al-Haytham s’éloigne tout de même du texte euclidien en fondant la commensurabilité sur la notion de rapport tandis qu’Euclide la définit à partir de celle de mesure. Ce faisant, Ibn al-Haytham apporte une réponse à l’absence de précision des commentateurs du xe siècle quant aux fondements de la mesure de toutes les grandeurs à partir des grandeurs unités, en reportant la question de la mesure sur la notion de rapport qui est définie dans le Livre V des Éléments. Si le fondement du Livre X s’avère être la notion de rapport, son objet est alors, selon Ibn al-Haytham, le classement des différentes espèces de rapports dont l’établissement s’effectue par la construction de chaque grandeur irrationnelle.

BERTOLACCI, Amos (Universität zu Köln)
«From Athens to Isfahān, to Cordoba, to Cologne: On the Vicissitudes of Aristotle’s Metaphysics in the Arab and Latin Worlds during the Middle Ages»
The communication takes into account the various steps of the transmission and reception of Aristotle’s Metaphysics around the Mediterranean Sea during the so-called Middle Ages: from its place of origin (Athens) in the 4th century BC, to the place of the synthesis of Avicenna’s and Averroes’approaches to the Metaphysics by Albertus Magnus (Cologne) in the 13th century. Essential intermediary steps are the Graeco-Arabic translations of Avicenna’s and Averroes’ metaphysical works in the 12th century.

The communication aims at providing a historical overview of the tradition of the Metaphysics from Greek into Arabic into Latin, and an analysis of the different exegetical styles adopted by its interpreters throughout this process (the original summa by Avicenna, the literal commentary by Averroes, the paraphrase including doctrinal digressions by Albertus Magnus).

BUTTERWORTH, Charles (University of Maryland)
«Averroes’ Middle Commentary on Aristotle’s Nichomachean Ethics: How Do We Know What to Do?»
In Book 6 of the Nicomachean Ethics, it becomes apparent that thought for the sake of truth, as well as thought for the sake of action can be traced to desire. The question then becomes one of determining how the mind can be trained to desire what is right. That task involves knowing what is right and desiring the known or recognized right. Because prudence involves this identity of knowing what is good and desiring what is good, it is something of a virtue pertaining to character. For Aristotle, the inquiry turns on seeking truth. There is truth with respect to action, just as there is truth with respect to contemplation. We must determine the virtue of the rational part of the soul that leads to the truth appropriate to right principle for each virtue pertaining to character. Averroes, however, argues as though the goal were faith, not truth. His change stems perhaps from a prior identification of truth and faith, but it has deeper significance.

In this paper, the deeper significance will be explored as will the questions related to the separation between the two realms of knowledge. They all point to the basic question of how we know.

CAMPANINI, Massimo (Università di Milano)
«The Oblivion of Islam in the West and Averroes»
The image of the Self and the Other reflecting each other as in a mirror is a common feature of the dialectical relation between the Western and the Islamic cultures. Hasan Hanafi argued that the communication and the interaction of knowledge and power between Europe and the Islamic world marked the past history and will mark the future. In the Middle Ages, Islamic science and philosophy deeply affected Latin thought, but on the eve of the Renaissance Europe forgot her Islamic heritage and buried Islam under the weight of suspicion and refusal. Averroes is a good sample of this destiny: he was pivotal in constructing Latin Aristotelian philosophy, but progressively became a wicked unbeliever, enemy of all religions and faiths. The recovery of Averroes in contemporary Islamic philosophy as the most distinguished vindicator of Islamic rationality is, for many thinkers like Muhammad Abid al-Jabri, the presupposition of the recovery of Islamic civilization at large.

CERAMI, Cristina (Scuola Normale Superiore di Pisa)
«Contraires, accidents : la question de la génération absolue dans le Commentaire moyen d’Averroès au De generatione et corruptione»
Aristote se demande au début du chapitre 3 du premier livre du De Generatione et Corruptione si le modèle selon lequel tout provient toujours de quelque chose pour devenir quelque chose (comme du malade provient le bien-portant) couvre toute sorte de génération, y compris la génération absolue. Contre cette hypothèse, Aristote semble présenter plusieurs apories qui, du coup, compromettent l’existence d’une véritable génération substantielle. En effet, le modèle des deux contraires semble, d’une part, nous obliger à ramener la génération absolue à une simple altération, de l’autre, à admettre une génération du néant et l’existence de quelque chose en puissance sous tous les aspects. Le but de cette analyse est d’exposer la solution d’Averroès aux apories soulevées par Aristote au cours de ce chapitre.
La réponse d’Averroès consistera à admettre que dans une certaine mesure le modèle des deux contraires est un modèle en soi vide, qui doit être interprété à la lumière de la structure réelle de l’univers. Le terme a quo et le terme ad quem du changement possèdent un statut ontologique différent selon qu’ils désignent les bornes d’une génération absolue ou celles d’une génération relative. En d’autres termes, on peut dire que certaines choses s’engendrent et se corrompent absolument tandis que d’autres non, parce que les premières sont dites être d’une manière absolue et première, alors que les deuxièmes le sont d’une manière relative et dérivée. Aussi Averroès affirme que pour définir la génération substantielle, il faut supposer à l’intérieur de la catégorie de la substance elle-même une distinction entre une génération absolue et une génération relative. La génération absolue sera la génération de ce qui est «plus substance», c’est-à-dire de ce qui est déterminé davantage; tandis que la génération relative sera la corruption de cet étant, remplacé par un autre qui a moins d’être. Selon les paroles d’Averroès, on désigne avec le terme non-être le plus vil des deux contraires et avec le terme être le plus noble des deux.
Averroès, donc, explique que la dernière intention d’Aristote est de présenter le réel comme une échelle ordonnée selon un critère de détermination, au sommet de laquelle il y a ce qui est véritablement substance. La génération absolue sera alors seulement le processus de genèse de ce qui, dans l’échelle des étants, est le plus déterminé ou, selon les mots d’Averroès, de ce qui est plus parfait (akmal).
Ainsi, d’après Averroès, le chapitre 3 du De Generatione et Corruptione a moins comme objectif de déterminer ce qu’est concrètement un tode ti, que de démontrer que la génération absolue est toujours la voie menant à ce qui est davantage être et quelque chose de déterminé. Pour parvenir à ce résultat, il faut prendre en compte les analyses de Met. Z, H et Θ, là où Aristote démontre que c’est la forme-acte qui est tode ti et substance première.

CLERICI, Leonardo (Istituto di skriptura, Bruxelles)
«Jonas et la navigation de la connaissance»
Notre intervention pose trois références : le mythe de Jonas, la sourate Yunus et l’article Jonas avec ses analogies dans le dictionnaire de Bayle.
La radicalité de la fonction Jonas est examinée par la méthode phénoménologique et herméneutique qui rend la signification logique et la possibilité d’un examen critique plus pertinentes.

CORDONIER, Valérie (Université de Fribourg)
«Le problème du mélange chimique dans l’Averroès latin : sources et portée»
J’ai montré ailleurs comment Alexandre d’Aphrodise (grec) met en œuvre au cœur même de son exégèse d’Aristote des modèles chimiques hérités d’une représentation «galénico-hippocratique» du tempérament et caractérisés par les traits suivants : (i) accentuation du rôle causal des contrariétés dans le processus de mélange ; (ii) analyse de l’interaction des qualités élémentaires sous l’angle d’un tempérament (krasis) supposé intervenir directement dans la matière première ; (iii) traitement de la forme aristotélicienne(eidos) comme un principe analogue à la qualité stoïcienne ; (iv) attribution à chaque élément d’une eidos caractéristique de ses propriétés tactiles et cinétiques. La présence de ces traits non-aristotéliciens du mélange permet à Alexandre d’appliquer un tel modèle au niveau infra-corporel voire infra-élémentaire qu’Aristote supposait exempt de mixis impossible (De gen. et corr. I, 10).
Dans ma contribution, j’aimerais investiguer dans une perspective analogue la conception du mélange chimique supposée et développée dans l’Averroès latin. Dans ce vaste corpus je sélectionnerai les passages les plus significatifs dans les grands commentaires à la Physique,au De caelo et à la Métaphysique (avec d’éventuelles références aux commentaires des Parva naturalia,du De generatione et corruptione ou au traité De substantia orbis),en vue derésoudre les questions suivantes : quelle est selon Averroès la définition du mélange, quelles sont ses conditions de possibilité et ses critères distinctifs par rapport à la génération ? Quel rôle jouent, dans ce processus, les contrariétés élémentaires et comment s’articulent les deux approches de la qualité présentes dans le corpus aristotélicien, l’analyse qualitative ou sensible et l’approche mécanique ou cinétique ? Pour répondre à ces questions, j’établirai d’abord la typologie des degrés d’union physique dans l’Averroès latin, en y repérant les occurrences, dans la traduction latine, des types aristotéliciens du mélange (sunthesis, krasis, mixis) ainsi que des sortes de mélange issues d’autres régimes conceptuels, notamment du stoïcisme ou des conceptions de type hippocratique (paratasis, sunchusis, krasis di’holôn, sunkrasis). L’étude de cette typologie sera conduite sous l’angle d’une investigation des schèmes conceptuels par le biais desquels Averroès interprète la «combinaison» (suzeuxis) posée par Aristote entre les qualités élémentaires. J’essaierai de comprendre aussi la place qu’occupent dans la hiérarchie du réel les différents types de mélange de l’Averroès latin ou, dit autrement, la manière dont le mélange sous toutes les formes y structure les différents niveaux ontologiques depuis la sphère infra-corporelle des interactions élémentaires jusqu’au plan biologique des relations entre vivants, en passant par le niveau des interactions entre éléments, entre composés homéomères, entre anhoméomères et entre corps inanimés.

DAVIS, Morgan (Brigham Young University)
«Al-Ghazali and the Crisis of Faith»
Years before a crisis of conscience led him to abandon his post at the Nizamiyya school in Baghdad and embark upon the Sufi path, al-Ghazali (d. 1111) had had an even more basic crisis of faith. At that time he had come to a point where he doubted everything he ever thought he knew, wondering if it was possible to really know the truth about anything. This crisis was resolved, he says, when God cast a light upon his soul that restored his confidence in the “self-evident data of reason”. But this, he says, “was not achieved by constructing a proof or putting together an argument”. It was the direct effect of divine light which he said is “the key to most knowledge”.

My paper will examine this and related statements made by al-Ghazali in light of what he has to say in both The Incoherence of the Philosophers (Tahāfut al-falāsifa), and his follow-up work, Moderation in Belief (al-iqtisād fī al-i‘tiqād). In these works, consonant with the statement above, Ghazali seems to articulate an attenuated form of fideism wherein if reason clashes with revelation it is the latter that must prevail. This is not an unproblematic position, however, and I will draw attention to several instances in Moderation where Ghazali had difficulty answering the demands of both reason and revelation. It is in these cases where his true loyalties are best demonstrated, and arguments about his commitment or lack thereof to Aristotelian logic come into sharpest relief.

DE SMET, Daniel (Université de Louvain)
«Une classification ismaélienne des sciences. L’apport d’Abū Ya‘qub al-Sijistānī à la “tradition d’al-Kindī” et ses liens avec Abū al-Hasan al-‘Āmirī»
Les recherches de Dimitri Gutas et Peter Adamson ont révélé l’existence d’une «tradition d’al-Kindī» concernant la classification des sciences aristotéliciennes dans le prolongement du néoplatonisme alexandrin. Outre al-Kindī lui-même, cette tradition est attestée chez certains de ses disciples, comme Qustā ibn Lūqā, al- Sharakhsī, al-‘Āmirī et Ibn Farīghūn. Un chapitre du Kitāb Ithbāt al-Nubūwa de l’ismaélien Abū Ya‘qūb al-Sijistānī (m. vers 971) s’inscrit dans cette même tradition, mais partage avec al-‘Āmirī le souci de construire des équivalences entre les sciences philosophiques et religieuses. Malgré ses accents spécifiquement ismaéliens, le shéma proposé par Sijistānī s’avère très proche de celui d’al-‘Āmirī.
À travers l’analysedu texte de Sijistānī, nous soulèverons le problème encore peu exploré du milieu intellectuel dans lequel s’enracinent, à la fois, la philosophie d’al-‘Āmirī et le néoplatonisme ismaélien de «l’école persane», dont Sijistānī fut un éminent représentant.

DI MARTINO, Carla (CNRS)
«Les Météorologiques d’Avicenne : notes pour l’édition critique du texte»
La première traduction, partielle, des Météorologiques d’Avicenne date de 1200 environ et fut transmise dans le corpus de la Translatio Vetus des Météorologiques d’Aristote. Ce corpus est composé en effet de trois textes : la traduction des livres I-III de l’arabe en latin par Gérard de Crémone (m. 1187), la traduction du grec en latin du livre IV par Henri Aristippe (m. 1162), et un De Mineralibus ou De congelatione, adaptation de l’arabe en latin de trois sections du livre I de la Météorologie du Shifā’ d’Avicenne par Alfred l’Anglais, qui les attribua à Aristote. Ce n’est qu’entre 1274 et 1280 que la Météorologie d’Avicenne fut traduite dans son intégralité et commença à circuler sous le nom de son véritable auteur. Le ms. Vat. Urb. Lat. 186 nous transmet cette traduction intégrale des Météorologiques (Shifā’, V) d’Avicenne, et cette communication présente les premiers résultats d’une comparaison détaillée de ce texte avec son original arabe, prélude à une édition critique du ms. du Vatican.
Mais en effet, le premier à avoir signalé la fausseté de l’attribution du De Mineralibus à Aristote et la bonne attribution, en revanche, à Avicenne semble être Albert le Grand. Or Albert fait sa remarque avant 1254, à savoir au moins une vingtaine d’années donc avant la traduction intégrale du livre V du Shifā’ d’Avicenne... Comment a-t-il pu- reconnaître que le texte d’Alfred n’était pas d’Aristote ? Et surtout, comment a-t-il pu l’attribuer à Avicenne?

DI PASQUALE, David (Michigan State University)
«Frederick the Second’s De arte venandi cum avibus (The Art of Hunting with Birds) as Model of Farabian Dialectic»
The purpose of this paper is to situate the rulership of Frederick the Second of Hofenstaufen (d. 1250) within the philosophic tradition inaugurated by Abu Nasr Alfarabi (d. 950). It will consequently speak to the nature of Alfarabi’s philosophic enterprise as a whole, and suggest that it may be properly described not as a “Platonism” nor even an “Aristotelianism” but rather a kind of “Socratism”; that is, the paper suggests that Alfarabi’s work in the fields of logic and political science ought not to be viewed as two distinct endeavors but instead as complementary efforts to clarify precisely the same end, an end according to which the art of dialectic is the central logical art and Socrates the central philosophic figure.

The role of Frederick the Second in promoting Arab science has long been appreciated and has indeed prompted some scholars to see in him a precursor to the modern world and the scientific project of Bacon and Descartes. However, attention to his Liber Augustalis (Constitutions of Sicily) and De arte venandi cum avibus (The Art of Hunting with Birds) suggests that Frederick was himself no mere conduit through which Arab science found its way into Europe, but a thoughtful student of the Socratic Aristotelianism promoted by Alfarabi which rivaled more popular versions of Aristotelianism regnant throughthout his lifetime — versions so forcefully condemned by the modern philosophical movements under whose influence we live today. Consideration of the possible limitations of that condemnation may lead some to wonder whether another Aristotle — one defended and promoted by Alfarabi, for instance — is capable of surviving such a critique and thereby leading to renewed interest in both Aristotle and pre-modern science more generally.

EL-BIZRI, Nader (University of Cambridge)
«The Physical or the Mathematical? Interrogating al-Baghdadi’s Objections to Ibn al-Haytham’s Conception of Place»
This enquiry interrogates the objections raised by the philosopher ‘Abd al-Latif al-Baghdadi against al-Hasan Ibn al-Haytham’s geometrical conception of place. The philosophical propositions that were advanced by al-Baghdadi, in his tract in classical physics (natural philosophy), entitled: Fī-l-radd ‘alā Ibn al-Haytham fī-l-makān (A refutation of Ibn al-Haytham’s place), will be principally examined in parallel with the geometrical propositions and demonstrations that Ibn al-Haytham presented in his dense and influential treatise on place, entitled: Qawl fī-l-makān (On Place). This line of textual investigation, which draws careful conceptual distinctions and philosophical nuances between mathematical and physical modes of classical enquiry, is furthermore elaborated by a selective consideration of Greek polemics around the problem of place. Hence, al-Baghdadi’s objections are situated in the context of his defence of Aristotle’s definition of topos in Book IV of the Physics, which was criticised by Ibn al-Haytham, who in his turn was inspired by Philoponus’ theory of extension, along with tacitly associated “corollaries on place” that were elucidated by Simplicius, and contained bold spatial critiques of the Aristotelian thesis.

EL BOUAZZATI, Bennacer (Université de Rabat)
«La fécondité du paradigme de la science optique»
Au xiiie siècle, la science optique fut d’un grand intérêt pour l’empereur sicilien Frédéric II. Ibn Sab‘in répondit aux questions de l’empereur. Le juriste malékite al-Qarafi s’est intéressé à des thèmes optiques, non seulement dans son Istibsār, mais aussi dans ses écrits du fiqh. Toutefois, au sud de la Méditerranée, la science optique était pauvre, en l’absence de la philosophie et des arts figuratifs.
La science optique occupa une place prépondérante entre le treizième et le seizième siècle en Europe. Elle a attiré l’attention des savants, de Grosseteste à Galilée et Kepler. Elle était considérée comme le modèle de scientificité, pour ce qu’elle avait réalisé en expérimentation et en mathématisation depuis l’œuvre magistrale d’Ibn al-Haytham. Cette science était présentée munie d’une conception épistémologique qui n’est ni le phénoménisme de «sauver les apparences» ni le réalisme aristotélicien. L’usage est fait des analogies, du raisonnement par l’absurde et de la déduction d’une manière équilibrée dans Kitāb al-Manāzir et dans les multiples épîtres. Pierre d’Abano et Blaise de Parme ont su faire profit de cette vision épistémologique pour préparer le chemin et aux scientifiques et aux artistes.
Ainsi, cette science a eu un impact considérable sur la pratique artistique au début du xve siècle. Lorenzo Ghiberti, au moins deux fois concurrent de Filippo Brunelleschi à Florence pour réaliser des œuvres artistiques, avait des connaissances avancées en perspective. F. Brunelleschi, l’artisan, a révolutionné le dessin architectural, et puis a immédiatement influencé Masaccio pour créer l’illusion de la profondeur en peinture. L’astronomie aussi devait apprendre beaucoup de cette science exacte à cette époque.
La science optique a aussi pénétré la réflexion philosophique et les écrits littéraires (Dante, par exemple). La «renaissance scientifique» est bien le résultat de l’interaction des diverses pratiques discursives au centre desquelles on trouve l’optique.

EL RAYES, Waseem (University of Maryland)
«Ibn Khaldun’s Philosophical Study of History and Its Impact on Religion»
This paper will assess the role that religion plays in Ibn Khaldun’s philosophical treatment of history. Though there is much in Ibn Khaldun’s teaching that can be rightly seen to represent a departure from ancient and Medieval philosophers regarding the importance of the study of history, he should still be placed within that tradition. This is especially true when one considers the impact of the study of history on religious innovation. Yet, while bringing history to bear on religion, as on many other issues, Ibn Khaldun does not reduce religion, or the other objects of his study to elements that owe their being only to the time in which they originate. That is, Ibn Khaldun, like his philosophical forebears, put a high value on the role religion plays in promoting a healthy political community; i.e., its ability to provide a coherent worldview that would unify the members of the community and council moderation.

Moreover, Ibn Khaldun shared with these philosophers the recognition that religion can also become a major liability: as it becomes more entrenched and pervasive in the community, religion turns into an obsession with the “other world” and ceases to be interested in “this world”. The answer to this problem lies in the revitalization of religion, not in its abandonment. This revitalization is the role of philosophy. Philosophy, as love of wisdom, can revitalize religion by posing anew the fundamental questions that traditional religious sciences has supposedly answered. Unlike his predecessors, Ibn Khaldun believes that the most effective way for philosophy to achieve this goal is through teaching by example (i.e., by a particular way of studying history).

FARES, Nicolas (Université de Tripoli)
«Traité d’Abū Ja‘far al-Khāzin sur les coniques»
Il s’agit du traité d’al-Khāzin (xe siècle) intitulé Mukhtasar mustakhraj min kitāb al makhrūtāt (Précis extrait du livre des Coniques). À notre connaissance, ce traité existe en 2 manuscrits :
1) Oxford : Bodleian Library Huntington 237, fol. 82r-104v ;
2) Alger : BN 1446, fol. 126v-153r.
Nous venons de finir une édition du texte selon ce deuxième manuscrit, accompagnée d’une paraphrase et d’un commentaire mathématique. Le commentaire historique et la comparaison avec le manuscrit d’Oxford sont laissés à une deuxième étape du travail.
Outre la courte préface qui fait presque partie du titre, le texte, assez volumineux, peut être divisé, d’une façon naturelle, en cinq paragraphes : 1) Définitions et propositions préliminaires – Le triangle et le cercle comme sections du cône par un plan ; 2) Sections du cône autres que le triangle et le cercle ; 3) Les diamètres, les lignes ordonnées et les tangentes aux coniques ; 4) La construction des coniques ; 5) Applications : problème des deux moyennes et problème de la trisection de l’angle. Le texte se termine par un passage qui donne des renseignements historiques intéressants en évoquant des mathématiciens, des traditions grecques et arabes, qui ont traité les deux problèmes classiques qu’il traite dans le cinquième paragraphe.
Le traité se base essentiellement sur la totalité du livre I des Coniques d’Apollonius et sur les 15 premières propositions du livre II de la même œuvre. Il ne s’agit certainement pas d’un commentaire de ces deux livres. Certaines propositions des Coniques s’y trouvent démontrées d’une façon détaillée, d’autres sont évoquées brièvement et d’autres sont passées sous silence. Le style montre qu’il ne s’agit pas d’un manuel destiné à l’enseignement. Le choix des propositions traitées montre qu’il s’agit d’un travail guidé par le souci exprimé dans le titre : résoudre les deux problèmes classiques susmentionnés, par intersection de coniques. Mais, pour y parvenir, il faut pouvoir construire ces courbes dans le plan. Une très grande attention est, ainsi, donnée au paragraphe 4, destiné à cette construction. Dans ce paragraphe, on trouve des propositions qui n’existent pas dans les Coniques et qui semblent bien être une contribution originale d’al-Khāzin ; ce sont essentiellement celles qui traitent la construction par points («par le sens») de la parabole et de l’hyperbole, mathématiquement et pratiquement. Le langage analytique utilisé dans ce paragraphe semble être significatif. Remarquons que nous n’avons pas réussi à dégager, dans ce traité d’al-Khāzin, de langage algébrique comme celui qu’on trouve dans son traité sur les irrationnels. Le langage du présent traité est essentiellement le langage géométrique d’Apollonius, sauf dans quelques passages insignifiants.

FARHANG ANSARI, Hasan (Centre de la grande encyclopédie islamique, Téhéran)
«Nature and the Divine Agency»
In this paper I will try to analyze the causality of the divine agent in nature according to the theologians of the 8th and 9th century. In particular, Mutarrafiyya (one of the zaydi sects) and their theory of naturalism will be discussed. This theory concerns Mutarrafiyya’s view on accidents and explains how they tried to solve the problem of the existence of Evil in the world. The single extant source for studying Mutarrafiyya’s view on the subject is an unpublished work called al-Burhān al-Rā’iq al-Mukhallis min wart al-madhā’iq by Sulayman b. Muhammad b. Ahmad al-Muhillī, written in the second half of the 12th century. In a concise article, Professor Madelung has already discussed Mutarrafiyya and their significance. As a complementary study, I will try to shed more light on their thought.

FAZZO, Sylvia (Università di Trento)
«Some Preliminary Remarks on Nicolaus of Damascus»
Further to a recently published note on the same theme, our contribution wishes to promote a revised evaluation of the Greek tradition concerning the Compendium of Aristotelian Philosophy of Nicolaus of Damascus, with special reference to the fragments preserved by Simplicius. Our aim is to reconsider anew the historical framework of the Syriac and Arabic fragments of this work.
Special attention will be paid to the fragments embedded within Ibn Rushd’s commentary of Metaphysics Book Lâm. From this point of view a different insight could be gathered into the compendium of Ethics which has been attributed to a Nicolaus of Laodikaia. In this sense our contribution is intended to complement Mauro’s Zonta current research on this latter text.

FEDERICI VESCOVINI, Graziella (Università di Firenze)
«À l’origine de la perspectiva artificialis : la pyramis visiva d’Alhazen et Leon Battista Alberti»
Grâce à la perspective de Blaise Pelacani de Parme (environ 1357-1416) la théorie de la vision sensible se déplace sur un plan physico-naturel et c’est justement par une relecture plus fidèle aux théories épistémologiques et gnoséologiques des trois premiers livres du De aspectibus d’Alhazen que sa théorie de la lumière et de la vision évolue vers une physique et non plus une métaphysique de la lumière.
La récupération de la doctrine de la vision d’Alhazen dans le cadre général de l’épistémologie et de la logique de Blaise aboutit à l’élaboration d’une doctrine des images visuelles et de leur constitution optique dans la mesure où elles sont réintégrées dans leur propriétés mathématiques, du fait de leur perception optique, à savoir selon des pyramides visuelles. Cette doctrine va jouer un rôle dans la naissance de la perspectiva artificialis (Leon Battista Alberti) fondée sur l’idée de la pyramide optique. Nous ne voyons plus la réalité comme la forme universelle abstraite du sensible mais selon des formes corporelles, des pyramides visuelles, se déployant dans les trois dimensions mathématiques, mais représentables selon des proportions et des coordonnées abstraites qui pourtant se rapportent toujours à l’oeil de l’observateur (le peintre).
Le changement de «philosophème» dans la construction de l’image effectué par Blaise dans le sillage de la vision empirico-mathématique d’Alhazen est adopté par Leon Battista Alberti chez qui on a pu déceler ainsi quelques idées originales dont jusque là on ignorait l’origine. Leon Battista Alberti puise chez Blaise et indirectement chez Alhazen, l’idée que les images ne sont pas les formes universelles, ontologiques de l’ancienne tradition visuelle métaphysique, mais que les species ou images sont formalisées geométriquement comme étant des pyramides radiosae ou radiales, dont le tableau du peintre est la fenêtre, à savoir la coupure idéale (l’intercisione) de la pyramide visuelle qui est une idée subsidiaire empirique pour la constitution mathématico-géometrique du tableau.

GRIFFEL, Frank (Yale University)
«Necessity is God’s Free Choice. Al-Ghazali’s Incorporation of Philosophical Determination into a Voluntarist Concept of Creation»
Al-Ghazali’s concept of causality is central to our understanding of his philosophy and theology. In recent years, Richard M. Frank and Michael E. Marmura have analyzed al-Ghazali’s texts and argued in different directions. Marmura sees in al-Ghazali by and large an Ash‘arite occasionalist while Frank argues that he subscribed to the Aristotelian principle of creation through secondary causality.

This paper aims to open new perspectives in this discussion by stressing two motives in the writings of al-Ghazali that have yet to be fully explored. Al-Ghazali teaches that the results of God’s creative activity must be considered as necessary, even if they strictly speaking aren’t. God’s deliberate decisions (1) to determine His future habit before He starts creating and (2) to abstain from changing His habit, lead to a universe that is indistinguishable from one where God reigns through secondary causality. Only the fulfillment of these two conditions allows humans the pursuit of physics as an inductive science that formulates necessary judgments, which can never be derived just from observations.

Al-Ghazali’s model of an occasionalist universe that is reigned by necessity fully incorporates the falasifa’s vision of a world that is the necessary result of its creator’s essence or nature. Yet, by adding a single element upon the philosophical cosmology, he reclaims it in the name of Ash‘arite occasionalism. Thus it can be shown that both R.M. Frank and M.E. Marmura have important things to say about al-Ghazali’s cosmology.

HARVEY, Steven (Bar-Ilan University)
«Averroes on Love: Another Look at the Importance of the Middle Commentary on Aristotle’s Nichomachean Ethics»
It is now six years since the eagerly awaited publication of Larry Berman’s critical edition of the Hebrew translation of Averroes’ Middle Commentary on Aristotle’s Nicomachean Ethics (Talkhīs Kitāb al-akhlāq), Averroes’ only commentary on this work. Despite the interest in this edition, it has yet to have an impact on current scholarship on Averroes. My intention in my paper is to turn attention again to this commentary. To what extent is the Talkhīs Kitāb al-akhlāq like other middle commentaries (talākhīs) by Averroes? What is the importance of this commentary? And how does Averroes help us to understand Aristotle’s text?

The last of Averroes’ talākhīs on a book of Aristotle was the one on the Nicomachean Ethics. In form and style it seems much closer to certain of those on the logical books than to those on the physical writings. In fact, it often seems little more than a mere copying of the text. Berman himself noted that this commentary is generally fairly close to the Arabic text of the Ethics and pointed to certain deviations from the text. In a recent study on the value of Averroes’ discussion of happiness (sa‘āda) in book ten of the Middle Commentary, I compared the text word-for-word with the Arabic translation of the Ethics, and pointed to the various differences between Aristotle’s text and that of Averroes. My study suggested that Averroes’ Middle Commentary on Aristotle’s Nicomachean Ethics may be among the least helpful of the middle commentaries for understanding an Aristotleian text. The present lecture will focus on the discussion of love in book eight of the commentary with the goal of either challenging or affirming the tentative conclusions of my previous study.

HASNAOUI, Ahmed (CNRS)
«L’âge de la démonstration»
Un thème court tout au long de la tradition philosophique arabe : avec Aristote, on accède à un nouvel âge intellectuel, l’âge de la démonstration.
On examinera la signification de cette idée et les contraintes qu’elle impose, décelables dans les réponses aux questions suivantes: qu’est-ce qui doit être retenu de l’héritage philosophique grec ? Comment exposer une discipline à l’âge de la démonstration ? Quel rôle accorder à la dialectique ? Comment évaluer les nouvelles disciplines environnantes ?

AL-HASSAN, Ahmad Y. (Université d’Alep)
«A Re-Evaluation of the Geber Problem on the Light of New Discovery»
In 1893 M. Berthelot published his work on chemistry in the Middle Ages. His main theme was to prove that the Latin works that carry the name of Geber had nothing to do with Jabir ibn Hayyan and that the Latin works were written by a Latin author.

In the 20th century, there appeared some scholars who opposed the hypothesis of Berthelot, and notable among those was Eric Holmyard. But the ideas of Berthelot were received with enthusiasm by those who where euro-centric in their attitudes and who directed their efforts to support Berthelot. Among those supporters were Von Lippmann and Ruska. Newman was the last of such a hierarchy. He ventured into the unusual undertaking of contriving a complicated maze of speculations to prove that a certain previously unknown Latin writer was the author of the Summa of Geber.

The present paper summarizes the results of recent research undertaken by the author, in which he compares the Latin texts of Geber with the Arabic texts of Jabir; and together with other findings he proves that the conjectures regarding a Pseudo-Latin Geber are without foundation.

HASSE, Dag Nikolaus (Universität Würzburg)
«How Do We Have to Understand Chapter V, 5 of Avicenna’s De Anima on the Emanation of Abstractions?»
It is a long-standing issue of Avicenna studies whether “abstraction” for Avicenna is a façon de parler for «emanation» or whether it is the concept of “emanation” which is not to be understood literally. A key passage for all interpreters is the beginning of chapter V, 5 of Avicenna’s De anima (Kitāb al-nafs of al-Shifā’, ed. F. Rahman, 1959, pp. 234-236). The most often quoted sentence is the following: «Considering the particulars [stored in imagination] disposes the soul for something abstracted to flow upon it from the active intellect». Defenders of an abstractionist understanding of Avicenna’s epistomology can point to the development of the theory throughout Avicenna’s life and show that Avicenna himself never wanted to negate the reality of abstraction as a cognitive process. But defenders of an emanationist understanding can counter that all intelligibles come from the active intellect. It seems to me that both arguments are correct.

In the present talk I shall attempt to offer a reliable interpretation of De anima V, 5 and point to two features of Avicenna’s theory: that an emanation of an intelligible form is possible only if the corresponding imaginable forms are present in the human intellect; and that the emanating intelligible form is related to the imaginable forms in the human intellect. True emanationist thinkers would find this a very strange theory of emanation.

Al-HOUJAIRI, Mohamad (Université de Tripoli)
«Sur le théorème de Ménélaüs et ses applications dans les Sphériques de l’Istikmāl d’Ibn Hūd»
Notre étude porte sur le théorème de Ménélaüs et ses conséquences dans les Sphériques de l’Istikmāl d’Ibn Hūd.
L’étude est basée sur les données du manuscrit Copenhague Or. 82 et elle comportera trois parties :
1) Une traduction des textes étudiés ;
2) Un commentaire mathématique et historique de leur contenu ;
3) Une identification des sources d’Ibn Hūd dans le traitement de ce théorème.

JAFFRAY, Angela (University of Chicago)
«Matter, Soul and Intellect in Ibn ‘Arabī’s Risālat al-Ittihād al-kawnī»
Ibn ‘Arabī’s Risālat al-Ittihād al-kawnī, a remarkabky lyrical yet complex treatise, introduces many of the important ideas developed in his more comprehensive works. In condensed form, he presents a complete cosmology –macro and micro– in the form of a narrative, composed in an artful blend of poetry and rhymed prose. After a perplexing dialogue with his Essential Self, he meets with a Universal Tree and four birds: the Eagle, the Ringdove, the ‘Anqā’, and the Jet-black Crow, symbols of the Perfect Man, Intellect, Soul, and Prime and Second Matters.

In this paper, I will examine the symbolic significance of the different characters in the Ittihād in relation to falsafa and Sufism. What I will look at in particular are Ibn ‘Arabī’s treatment and critique of philosophical ideas and doctrines, concentrating on style, content, and terminology.

JANSSENS, Jules (Université de Louvain)
«La réception de la Physique d’Avicenne dans le monde latin»
Au cours de la première moitié du xiie siècle, l’œuvre majeure d’Avicenne al-Shifā’ fut introduite en Andalousie. Presque aussitôt, et de toute evidence avant la fin de ce même siècle, quelques-unes de ces plus importantes parties dont la Physique, furent traduites. Toutefois, la traduction latine de ce dernier ouvrage, qui semble se situer dans le troisième quart du douzième siècle et émaner du milieu des traducteurs tolédans, ne couvre pas l’ensemble du texte arabe, mais seulement les deux premières parties ainsi que le tout debut de la troisième. La traduction s’arrête brusquement au milieu d’une phrase, ce qui ne s’explique guère sauf si on suppose la mort imprévue du traducteur (ou eventuellement d’un des membres de l’équipe de traducteurs s’il en exista une telle).
Quoi qu’il en soit, cette traduction ne resta pas totalement inaperçue. Elle fut largement mise à contribution par Albert le Grand dans son commentaire sur la Physique. Il en cite de nombreux fragments. Toutefois, Albert ne se constitue pas en adepte aveugle du penseur arabe, mais si parfois il le suit dans quelques-unes de ses opinions innovatrices, il en rejettera catégoriquement d’autres.
À partir de quelques exemples typiques, un bilan (provisoire, il est vrai) sera dressé. Nous rechercherons aussi si d’autres scolastiques latins ont utilisé ce texte. En dehors d’Albert, il est clair que Thomas d’Aquin mit à contribution ce texte, mais il est probable qu’il y en a encore plusieurs autres. Même si on est obligé de reconnaître que la traduction médiévale latine de la Physique connut unmoins grand succès qu celle du De anima ou de la Métaphysique,elle n’etait pas totalement dépourvue d’intérêt. Cela pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi dans le troisième quart du treizième siècle, on continua à traduire l’ouvrage exactement à partir de la phrase où elle avait été arrêtée. Mais on n’ira de nouveau pas au bout. On se limitera à atteindre le chapitre dix. Le fait qu’il en soit ainsi ne semble toutefois pas résulter de l’ironie du sort, mais correspond plutôt à une décision prise en pleine conscience. La «physique avicennienne» ne possède visiblement plus un intérêt véritable, et cette «nouvelle» partie traduite ne recevra, sauf erreur de notre part, aucune attention. Dans ce sens, il est significatif qu’elle ne nous soit parvenue que dans un seul manuscrit.

KATOUZIAN-SAFADI, Mehrnaz (CNRS)
«La classification des médicaments simples selon Rhazès et Avicenne»
Nous comparons la classification des médicaments simples chez Rhazès (865-925) et chez Avicenne (980-1037) dans leur œuvre respective : al-Mansūrī fī al-tibb (Le Mansuri) et al-Qanūn fī-al-tibb (Le Canon).
Ces deux encyclopédies fort répandues et exploitées par les médecins à l’Est et à l’Ouest de la Méditerranée ne se donnent pas la même fonction : la première a un but pratique immédiat alors que la seconde envisage également un enseignement théorique structuré. L’organisation des chapitres et parfois les théories sous-jacentes concernant les médicaments simples diffèrent dans ces œuvres.
Nous examinerons plus particulièrement les médicaments destinés à rétablir les fonctions d’une des quatre humeurs : la bile noire ; nous tentons de dégager quelques règles médico-pharmaceutiques suivies par ces auteurs.

KLEVEN, Terence (Central College, Iowa)
«Alfarabi’s Five Introductory Aphorisms on Logic»
Alfarabi’s Five Introductory Aphorisms on Logic occupies a central place in both Alfarabi’s introduction to logic and in other collections of Arabic philosophy. For example, in the Hamidiye 812 manuscript, the Five Aphorisms is the second of three of Alfarabi’s introductory treatises on logic. These treatises introduce a collection of his commentaries on Aristotle’s eight books of the Organon. The Five Aphorisms is also one of two of Alfarabi’s logical treatises found in a Judeo-Arabic collection of Averroes’ short commentaries on logic in the Bibliothèque Nationale, Ms. Heb. 1008.
There are also numerous Hebrew translations of this treatise. Alfarabi’s ubiquitously concise, learned, and unpolemical style is exemplified par excellence in these five aphorisms. Aphorism One distinguishes between the use of language by the general public from language used by the practitioners of the arts. Aphorism Two identifies the four ways in which things are known without demonstration, opinions accepted on authority, opinions generally accepted by the public or by certain learned groups of the public, sense perceptions, and first intelligibles. Aphorism Three distinguishes between essential and accidental predicates. Aphorism Four distinguishes five meanings of the word “prior”. Aphorism Five defines the three simple utterances, name, verb, and instrument, and distinguishes the ways in which they can be composed to make statements which are either definitions or descriptions. These five aphorisms provide essential starting points for Alfarabi’s account of logic. The purpose of this essay is to give a summary of these starting points and to explain why they are significant to his logical works.

LAHOUD, Nelly (Goucher College, Baltimore)
«Political Activism Beyond the State: lā hukma illā li-Allāh»
Two different understandings of politics and of political activism ensued from the Battle of Siffīn (657 AD). The first is a trend conformist to the establishment; the other is non-conformist, of an “anarchist” bent. Two expressions capture the fundamental political divide: those who came to be referred to as the Kharijites (khawārij) and disapproved of arbitration or the judgment of men (tahkīm al-rijāl), as they saw it, shouted «enemies of God, you have violated God’s command» (yā a‘dā’ Allāh adhantum fī amri Allāh); those reaffirming their loyalty to ‘Alī b. Abī Tālib and desiring conformity to his camp shouted «you have rejected our Imam and wrecked our community» (fāraqtum imāmanā wa-farraqtum jamā‘atanā). The early Kharijites’ reasoning for seceding from the rest of the community is summed up by their famous rallying cry «no judgment except God’s» (lā-hukma illā li-Allāh).
This paper explores the various political meanings of that slogan.

LANGERMANN, Tzvi (Bar-Ilan University)
«The Jewish Defense of Creationism in the Middle Ages: The First Phase»
This paper focuses upon the writings of three authors –Sa‘adya Gaon, Isaac Israeli, and the author of a treatise uniquely preserved in Ms. Vat. Ebr. 236– all of whom lived in the 10th century, wrote in Judeo-Arabic, and took up the defense of creationism. Common features of all three are the focus upon Plato’s Timaeus and/or the (presumably Hellenistic) medical literature as well as an acquaintance with some of the early kalam approaches to the subject. They all display efforts to counter a rather large variety of eternalist claims by means of relatively brief aguments; none offer any comprehensive cosmogony, based on a systematic approach to science. In these and other features they stand in stark contrast to Moses Maimonides, who focused upon Aristotle alone, and who did not simply rebut Aristotle, but rather attempted to outline how creation can take place within a scientific framework, even if some basic questions remain unanswered.

LÉVY, Tony (CNRS)
«Un texte mathématique inédit d’Abraham ibn Ezra (ca 1089-ca 1167)»
Le Sefer ha-Middot, ou Livre des mesures, nous est connu par un manuscrit hébreu unique, longtemps catalogué de manière erronée ; un texte latin anonyme, étudié par Charles Burnett (Londres), s’est révélé être une version latine de ce texte hébreu, réalisée très tôt (peut-être même du vivant d’Ibn Ezra). L’édition des deux textes (hébreu et latin), accompagnée d’une traduction commentée, est en cours de publication. L’ouvrage est composé principalement d'un exposé de «géométrie pratique», précédé d'une partie arithmétique où se retrouvent, avec quelque désordre et une terminologie hésitante, des thèmes traités par Ibn Ezra dans plusieurs de ses écrits : propriétés des neuf premiers nombres, le zéro, approximation des racines carrées, opérations sur les entiers et les fractions. L’exposé géométrique, plus structuré, se présente selon un ordre plus «classique» : triangles, quadrilatères, cercle, solides; usage de l’astrolabe pour la mesure de la hauteur des collines, de la largeur des fleuves, ou de la profondeur des puits.
Je commenterai deux aspects de l’ouvrage : 1) la culture scientifique arabe d’al-Andalus au milieu du xiie siècle, à travers le témoignage de ce texte (Ibn Ezra a quitté l’Espagne en 1140) ; 2) l’intérêt spécifique de la version latine qui en est issue.

MAIERÙ, Luigi (Università della Calabria)
«L’héritage arabe sur le problème des parallèles : patrimoine culturel de Christoph Clavius (1589) à Gerolamo Saccheri (1733)»
Les témoignages laissés par les mathématiciens arabes (al-Nayrīzī, Thābit ibn Qurra, Ibn al-Haytham, al-Khayyām, Nasīr al-Dīn al-Tūsī) sur le problème des parallèles représentent un patrimoine culturel, que vont chercher à atteindre et dont vont s’inspirer quelques-uns des mathématiciens ayant vécu entre la deuxième moitié du xvie siècle et la première moitié du xviie siècle, tels que Chr. Clavius, G.A. Borelli et J. Wallis. Ils s’accordèrent à reconnaître l’héritage arabe comme référence et objet d’études. Leurs écrits furent repris par G. Sacheri au point que la structure épistémologique de la première partie de son Euclides ab omni naevo vindicatus (1733) trouve sa justification culturelle chez ses prédecesseurs. Ainsi, l’héritage arabe devient voie et prémisse indispensable sur la voie menant à la création des géométries non euclidiennes.

MARCOTTE, Roxane (University of Queensland)
«L’eschatologie d’Abū al-‘Abbās al-Lawkarī»
Très peu de choses sont connues de la vie d’Abū al-‘Abbās al-Lawkarī (mort après 503/1109), mais nous savons qu’il a appartenu à la tradition avicennienne, ayant été l’un des disciples de Bahmanyār ibn Marzubān (mort en 458/1066), et qu’il fut, en quelque sorte, responsable de la transmission de la tradition avicennienne au Khūrāsān à la fin du xie et au début du xiie siècle.
Nous voudrions proposer une lecture de l’eschatologie de Lawkarī. Deux de ses ouvrages retiendront tout particulièrement notre attention. Le premier texte, écrit en arabe, s’intitule le Bayān al-haqq bi-damān al-sidq, ouvrage qui pourrait très bien dépendre du Shifā’ d’Avicenne. Le second texte, celui-là écrit en persan, est le Sharhi qasīdah-yi asrār al-hikmah qui consiste en un poème didactique philosophique et en un commentaire qui l’accompagne. La partie eschatologique est incluse dans la section métaphysique des deux ouvrages. Il s’agira donc d’abord (i) de comparer ces deux textes de Lawkarī et de déterminer le degré de similitude des thèses qui y sont présentées ainsi que les différences qui pourraient y exister et (ii) de déterminer le degré de dépendance des positions mises en avant par Lawkarī dans ces deux textes par rapport aux thèses avicenniennes développées dans al-Shifā’, voire à celles présentées par Bahmanyār ibn Marzubān dans son Kitāb al-Tahsīl.

MARTOS QUESADA, Juan (Universidad Complutense de Madrid)
«Viajes de los cientificos andalousies al norte de Africa»
A partir del siglo IX, en particular con la consolidación de la dinastiá omeya en el gobierno de la España musulmana, se inician una serie de viajes de aprendizaje de los científicos y de los ulemas andalusíes hacia las principales ciudades del Norte de África, con el fin de aprender de primera mano de los maestros más importantes.
Intentaremos en esta comunicación ver los principales itinerarios que siguieron, así como los sitios más visitados y la frecuencia de hombres de ciencia de al-Andalus que recibían, al tiempo que se analiza sus lugares de procedencia.

MASOUMI HAMEDANI, Hossein (Université Sharif de Technologie, Téhéran)
«Alhazen et Galilée sur la lumière de la lune»
Dans son traité sur La lumière de la Lune, Ibn al-Haycam démontre que la lumière de la Lune n’est pas due à la réflexion de la lumière du Soleil sur la Lune, et que celle-ci est un corps opaque, tel que sa lumière se propage à partir de tout point en lui et dans toutes les directions. On retrouvera cette thèse au xviie siècle chez Galilée, lequel, dans ses Dialogues sur les deux Grands systèmes du monde,essaie de démontrer que la lumière du Soleil ne se réfléchit pas sur la surface de la Lune.
Dans cette communication, nous allons parler des différences qui existent entre les démarches des deux savants : alors que Galilée s’appuie sur les arguments plutôt qualitatifs, Ibn al-Haytham démontre cette thèse par un argument géométrique dans lequel il bénéficie de certaines données astronomiques à propos des tailles et les distances des deux luminaires par rapport à la Terre. Nous mentionnerons pourtant un argument qualitatif qui se trouve ailleurs chez Ibn al-Haytham, et qui ressemble à celui présenté par Galilée. De plus, les deux savants utilisent les lois de l’optique géométrique. Ce que nous espérons pouvoir montrer, c’est qu’en dehors de toute question d’«influence», il existe une communauté des problèmes et des méthodes chez les deux auteurs. Et ce en dépit du fait que l’un d’entre eux utilise, dans son argument, les modèles empruntés à la cosmologie ptolémaïco-aristotélicienne, alors que l’autre est partisan d’une autre cosmologie qui ne s’est pas encore constituée.

AL-MERIOUH, Youssef - DKIOUAK, Rachid (Université de Tanger)
«L’influence des Météorologiques d’Aristote sur les auteurs arabes médiévaux. Cas d’al-Qazwīnī et d’al-Qalqashandī»
L’objet de la présente communication est de montrer à quel point le livre d’Aristote Les Météorologiques a eu une influence sur des auteurs arabes médiévaux aussi tardifs qu’al-Qazwinī (xiiie siècle) ou même al-Qalqashandī (xive-xve siècle). Pour cela, nous allons procéder à une étude analytique et comparative des explications données par ces trois auteurs aux divers phénomènes opérant dans l’atmosphère tels que la pluie, le vent, les nuages, l’arc-en-ciel, le halo lunaire et bien d’autres phénomènes atmosphériques.
Les résultats de ce travail montrent que les données aristotéliciennes demeurent influentes dans ces œuvres arabes, et cela malgré les découvertes antérieures d’Ibn al-Haytham notamment dans les sciences optiques.

MORELON, Régis (CNRS)
«Sur le dernier chapitre de l’astronomie du Shifā’ d’Avicenne»
Avicenne, dans son Shifā’, rédige un traité d’astronomie qui reprend en grande partie le plan de l’Almageste de Ptolémée, mais il ajoute un chapitre tout à fait à la fin, en le présentant comme ce qui manque aux raisonnements de Ptolémée. Il ne s’agit pas d’un texte formellement rédigé, mais de notes en vue d'une rédaction ultérieure, qui ne semble pas avoir été faite.
C’est ce chapitre qui sera analysé dans cette communication.

MUWAIS, Anas (Michigan State University)
«Alfarabi’s Political Science»
Drawing upon several of Alfarabi’s works, I outline and summarize the whole of his political science with an eye especially to the question of conventional moral-religious convictions and their relation to the best laws, the laws of the virtuous city.
My paper concludes an earlier paper I delivered at APSA (Chicago, 2004). In that paper, I take up the first section of Alfarabi’s The Attainment of Happiness. There, we learn that the study of the natural things brings one to the borderline of physics and metaphysics, and that to know the intellectual principles that govern the natural or material world one must first know the knower that is man, for he is our best and in fact only access to these principles. But with this necessary study of man a question that did not emerge in natural science (and which cannot possibly be answered by natural science) suddenly emerges, namely, the possibility of, and claims of proof for, a moral dimension to Being and the beings (and especially the human being). This question, which is essential to the question of man's happiness, is taken up through political science.
My Florence paper will take up this political science in great detail. This is the investigation undertaken by Socrates and Plato as outlined by Alfarabi in his Philosophy of Plato. Alfarabi, above all in his Selected Aphorisms, demonstrates his mastery of the dialectical investigation into conventional opinions (which is only outlined in his Philosophy of Plato). When political science is brought to its conclusion the metaphysical questions that were earlier put aside can now be answered. I argue that in Alfarabi’s thought political science and metaphysics do not only intersect, the perfection of each requires the other: happiness (the goal of political science) is to contemplate Being or God; the contemplation of Being (the end of metaphysics) can be perfected only upon completion of the investigation into human happiness that is political science.
Alfarabi is thus positioned to put forth his political science on the basis of demonstrative principles. The essence of this demonstrative political science is the virtuous city. But Alfarabi must confront the problem made manifest by Socrates and corrected by Plato, that is, Alfarabi must order the political regime with an appropriately sensitive awareness of the fact that only the most elite can be moved through demonstration (others require dialectics –with unexamined premises– and the great majority require rhetoric and imaginative evocation). The virtuous legislator attempts to give the non-philosopher those false but salutary opinions that are the best approximations of the demonstrative truths. It is here that religion comes into play, which is clearly subordinate to philosophy. And yet this may be misleading inasmuch as philosophy is treated by Alfarabi as being true religion, perfecting in itself all that conventional religion strains towards in its confusion. Much of this analysis, I show, is repeated in Averroes’ Fasl al-Maqal, where he goes further than his predecessor in providing a legal argument not only for the legitimacy of philosophy under the law but also its obligatory character for the elite.

PAVALKO, Rima (University of Maryland)
«Ibn Bajja on Solitary Governance»
This paper seeks to examine Ibn Bajjah’s argument in the Tadbīr al-Mutawahhid, or Governance of the Solitary, concerning the problem of finding happiness in a city that places insufficient value on virtue.
For Ibn Bajjah there are basically two kinds of cities: the extremely rare one that is simply virtuous and the rest that are imperfect. Endorsing the political science of his predecessors Plato and Aristotle, Ibn Bajjah writes the Tadbir almost as a supplementary guide to ancient philosophy necessitated by the absence of true happiness in the imperfect cities. As he explains it, «the subject we are treating would disappear if the city were perfect, and so would the utility of this subject…». Consequently, the Tadbir is as much a critique of the devolution of political life since ancient times as it is an exhortation to the would-be philosopher to govern himself virtuously and to pursue happiness for himself, while leaving it to chance whether the city at large might benefit from his example.

PROVENÇAL, Philippe (Naturhistorisk Museum, Arhus)
«Le problème de l’identité des espèces animales et végétales dans les textes arabes. La contribution de Peter Forsskäl (1732-1763) à ce sujet»
Il y a une multitude de textes arabes de l’époque classique qui traitent d’observations ou de raisonnements concernant des sujets zoologiques ou botaniques. La grande majorité de ces textes restent très peu étudiés, entre autres parce que le travail lexicographique de base visant à déterminer l’identité d’une espèce derrière une appellation arabe reste inachevé et dans la plupart des cas non encore entamé. Quand il ne s’agit pas d’une espèce domestique ou d’une espèce sauvage très connue, comme par exemple le lion, les dictionnaires donnent dans la grande majorité des cas une identité vague comme «un genre de lézard» ou «sorte de plante». Dans de nombreux cas, les espèces réputées connues comme le «bulbul» (genre Pycnonotus) font l’objet d’une fausse identification constante, car ils sont toujours appelés «rossignols» (genre Luscinia).
Il y a deux méthodes de base pour essayer de déterminer les identités d’espèces. La première est d’étudier les données procurées par les textes arabes classiques eux-mêmes, et en opérant un travail interdisciplinaire l’on arrive souvent à une identification certaine ou du moins assez précise. La seconde consiste à se procurer les noms d’espèces précises chez les populations arabophones actuelles, car les noms d’espèces se recoupent souvent entre les textes classiques et les dialectes parlés. Le travail lexicographique doit bien entendu aboutir à une intégration de ces deux modes d’approche.
En ce qui concerne la seconde approche : les meilleurs résultats proviennent bien entendu d’une personne qui a fait les deux sortes d’études : linguistique et biologique. Il s’agit du savant suédois Peter Forsskål qui fut le naturaliste désigné pour l’expédition scientifique envoyée par le roi du Danemark Frederik V et qui devait aller en Égypte, en Arabie et au Yémen. Peter Forsskål avait étudié l’histoire naturelle sous Linné à l’Université d’Uppsala en Suède et les langues orientales sous Michaelis à l’Université de Göttingen en Allemagne. L’expédition eut lieu de 1761-1767. Tous les membres de l’expédition trouvèrent la mort en route sauf Carsten Niebuhr. Forsskål mourut à Yarim au Yémen le 11 juillet 1763. Seul Niebuhr rentra au Danemark en 1767 et s’occupa de publier les résultats. Forsskål était non seulement chargé de décrire toute nouvelle espèce animale ou végétale, mais aussi de procurer les noms locaux. Forsskål s’était scrupuleusement acquitté de ces deux tâches. Ses résultats en histoire naturelle ont été reconnus et utilisés depuis longtemps mais ses résultats linguistiques, tout aussi importants, n’ont pas vraiment fait l’objet d’études interdisciplinaires sérieuses jusqu’au xxe siècle.
Une étude interdisciplinaire des noms botaniques sera publiée prochainement par l’auteur de cette communication.

RAMÓN GUERRERO, Rafael (Universidad Complutense de Madrid)
«De Bagdad à Cordoue. Les sources de la logique d’Ibn Hazm de Cordoue»
Entre les livres les plus précieux du Cordouan Ibn Hazm (mort en 1064) se trouve le texte qui porte le titre Taqrīb li-hadd al-mantiq wa madkhal ilayhi (Approche de la définition de la logique. Introduction). Il s’agit d’un résumé de logique, dans lequel l’auteur essaie d’expliquer les critères de la vérité et les méthodes de la connaissance humaine à travers des exemples vulgaires tirés des sciences juridiques et théologiques. Ce ne serait rien de plus qu’une exposition résumée du contenu de l’Organon d’Aristote et de l’Isagogé de Porphyre, c’est-à-dire de la logique des Grecs, telle que celle-ci a été transmise au Moyen Âge arabe et latin.
Cependant, il ne semble pas que l’ouvrage dérive directement du texte d’Aristote, puisqu’une comparaison simple du vocabulaire dans la traduction arabe de ces textes et dans l’œuvre d’Ibn Hazm montre la grande différence qui existe entre l’un et l’autre. Il faut chercher ses sources ailleurs. Une référence personnelle d’Ibn Hazm lui-même fait penser que ces sources se trouveraient dans l’école de logique de Bagdad dont les maîtres les plus importants furent Abū Bishr Mattā et al-Fārābī. Ainsi, le lien d’Ibn Hazm avec la tradition logique du monde islamique oriental, qui dépendait de la tradition logique grecque issue d’Aristote, semble assurée. On essaiera d’étayer cette affirmation à travers une analyse de la partie consacrée par Ibn Hazm, dans son ouvrage, à l’étude des noms simples, c’est-à-dire des Catégories.

RASHED, Marwan (CNRS)
«Les mondes possibles avant Leibniz»
Je retrace la genèse du thème de monde possible avant Leibniz.
Thèse : il s’agit d’une invention des philosophes arabes du ixe siècle, al-Kindī et surtout Thābit ibn Qurra – elle-même rendue possible par un croisement d’une théologie de la toute-puissance et d’une ontologie mathématique anti-substantialiste – systématisée par Avicenne et explicitée par Nasīr al-Dīn al-Tūsī.

RICORDEL, Joëlle (Université Paris 7/CNRS)
«L’utilisation raisonnée des sources dans les traités pharmacologiques andalousiens»
Le développement tardif des sciences dans al-Andalus explique que ses pharmacologues puissent se fonder sur des savoirs divers hérités des devanciers grecs et des médecins de l’Orient musulman. Au xie et xiie siècles, ils ont également bénéficié de l’expérience et de l’expertise de leurs confrères maghrébins et andalousiens. C’est ainsi que leurs écrits s’appuient sur trois traditions.
L’étude statistique des sources déclarées dans les ouvrages de matière médicale, notamment dans le Kitab al-Musta‘īnī d’Ibn Biklārīsh, permet d’étudier l’utilisation qui en est faite et qui répond à une sélection en fonction des sujets traités : identification des simples par leurs caractères spécifiques, reconnaissance par la synonymie, énoncé des propriétés médicinales.

RODRIGUEZ, Arcelia (University of Maryland)
«To the Re-conquest of Wisdom: Alf Layla as Antidote to Plato’s Republic»
An unfaithful woman is the most immediate connection between Plato’s Republic and Alf Layla: in Glaucon’s story in the Republic, one becomes the wife of Gyges, the shepherd with the invisibility ring, and in Alf Layla, another triggers perhaps the greatest misogynistic bloodshed of literary history.
The purpose of one story is in large part to set the foundations for determining whether it is possible to do justice without any pretensions to recognition and glory, but what is the purpose of Alf Layla? If it is fair to argue that the Republic’spessimistic answer to the question of outward rewardsfor the virtuous life is a tacit, expedient (and thuspolitical) sanction of Gyges’s use of the invisibilityring, could it be fair to say that Shehrazad’s triumphis a thorough restoration of the opinion that wisdomand virtue prevail always, that is, both in darknessand in light?
In developing this argument, the paper briefly discusses some of the Platonic and Aristotelian notions behind the use of metaphors and allegorical stories in the transmission of political ideas that were developed in Medieval political philosophy.

SMIDT VAN GELDER-FONTAINE, Résianne (Universiteit van Amsterdam)
«The Use of Averroes’ Middle Commentaries on Aristotle’s Writings on Natural Philosophy in the Midrash ha-Hokhmah»
The Midrash ha-Hokhmah, originally written in Arabic in the 1230s, was translated into Hebrew ca 1247 by the author himself, Judah ben Solomon ha-Cohen of Toledo. One of the author’s aims in this encyclopedia of science and philosophy, the first in a series of Medieval Hebrew encyclopedias, was to disseminate contemporary secular knowledge among his coreligionists. Besides some treatises about Jewish subjects it contains extensive surveys of philosophy, geometry, astronomy and astrology, based on the authoritative sources of his day. The primary sources for his surveys of natural philosophy and metaphysics are Averroes’s commentaries on Aristotle’s writings, notably his Middle Commentaries that he quotes and excerpts extensively. The Midrash ha-Hokhmah, written at a time when most of the commentaries were not yet available in Hebrew translation, is thus one of the first Hebrew texts that display a large-scale use of Averroes’s commentaries. It constitutes an early stage of the reception of Averroes in the history of Medieval Jewish philosophy, and of the translation movement of Arabic scientific and philosophical texts into Hebrew.
My paper will examine the way in which Judah ha-Cohen used Averroes’ commentaries, that is, his combined use of the Epitomes and the Middle Commentaries, his method in excerpting his sources and his manner of compilation. I will also address some issues on Judah’s terminology and translation-techniques.

STRANO, Giorgio (Istituto e Museo di Storia della Scienza, Florence)
«The Maragha School and Copernicus: Scientific Heritage or Independent Elaboration?»
In 1957, Victor Roberts published a short paper singling out the similarity existing between the Lunar theory of 'Ali ibn-Ibrahim ibn al-Shatir (1304 - ca. 1375) and that described by Nicholas Copernicus (1473-1543) in his On the Revolutions of the Heavenly Spheres. Roberts' paper marked the starting point of a never-ending historical controversy. Indeed, during the following years, other geometrical planetary models - in particular, those conceived by the Maragha's astronomers Nasir al-Din al-Tusi (1201-1274) and Mu'ayyad al-Din al-'Urdi (d. 1266) - emerged which displayed striking relationship with Copernicus' models. At present, the side by side examination of the planetary models under debate, and the presentation of the historians involved in the controversy appears indispensable when dealing with the unsolved questions brought forth by Roberts. Are the planetary models of the On the Revolutions the product of independent elaboration or of scientific transmission from the Medieval Middle-East to 15th and 16th-century Europe? Was Copernicus the last astronomer of the so-called Maragha school?

TAYLOR, Richard (Marquette University)
«From Athens to Baghdad to Paris: Primary and Secondary Causality»
This paper is a study of the notion of primary and secondary causality in Neoplatonism, the Liber de causis, Classical Arabic philosophy and Thomas Aquinas. Reference is also made to al-Kindi, al-Farabi, Avicenna and Averroes and their understanding of the way in which the “Creator” or First Cause is active in every action that takes place in the “created” universe. This notion is shown to be important not only in the metaphysics of ontological dependency generally but also particularly in the epistemology of Thomas Aquinas who repeatedly states that our intellectual power of intellection is a participation in the Divine and that our intellects function only by a sharing of the Divine Light.
The paper shows how this important philosophical notion was set forth in Late Greek philosophy, adapted to and adopted by thinkers of the Classical Era of Arabic philosophy, and then transmitted into a Medieval Latin context in the West where it became a common theological and philosophical teaching.

TCHIKOU, Mohamed (Alger)
«Originalité de la technique de la trachéotomie chez les médecins arabes»
Ce geste chirurgical qui consiste en l’ouverture antérieure de la trachée est destiné à empêcher un être humain de mourir. Cette intervention est rapportée comme étant la plus ancienne de la spécialité O.R.L.
L’histoire de ce geste est intéressante mais étonnamment brève. Et, comme tous les actes majeurs, avant de trouver sa place dans la thérapeutique, la trachéotomie va connaître des heures de gloire et d’oubli. Les médecins musulmans ont beaucoup apporté à cet acte chirurgical et notamment à sa définition.

TRAVAGLIA, Pinella (Istituto Italiano di Scienze Umane, Firenze)
«Opera dell’uomo, opera della natura: il Libro della agricoltura nabatea nella tradizione latina»
Il Kitāb al-filāha an-nabatiyya (Libro della agricoltura nabatea), traduzione araba effectuata da Ibn Wahshiya nel X secolo, da materiali siriaci del III-IV secolo d.C., presenta, assieme a contenuti prevalentemente enciclopedici, un tentativo di interpretazione naturalistica di elementi magici di origine pagana. Il lavoro agricolo assurge a paradigma del più generale intervenire dell’uomo nella natura per migliorarla: all’interno di quest’ottica vengono lette le pratiche magiche e collocato il culmine del processo di perfezionamento: la produzione artificiale di esseri viventi.
Il nesso tra agricoltura, alchimia, magia e medicina costituisce un elemento caratteristico dell’ultima redazione dell’Agricoltura nabatea. Esso si riscontra anche in alcune classificazioni del sapere medievali latine. Inoltre, da un certo dibattito sulla generazione artificiale della vita, nato in ambienti latini particolarmente interessati alla trattatistica sulla magia in lingua araba e di origine pagana, si evince che questo tema è ormai collocato all’interno di quello più generale delle trasformazioni della natura per opera dell’uomo e, in questo senso, collegato all’alchimia. Inoltre, alcuni autori latini mettono in relazione esplicita alchimia e agricoltura.
Dunque, ci chiediamo se questo testo abbia circolato in ambiente latino nonostante non sia stato tradotto se non, come pare, in una versione in castigliano medievale. L’orizzonte che consente di mettere in relazione agricoltura (intesa come l’operare dell’uomo sulla natura insieme alla natura stessa), alchimia, magia e medicina (intesa come la possibilità di sfruttare le proprietà delle trasformazioni a beneficio dell’uomo), cornice teorica dell’ultima redazione dell’Agricoltura nabatea, sembra invece perduto nella tradizione araba.

TWETTEN, David (Marquette University)
«Italian Averroeans on the Correct Account of Aristotle’s Prime Mover»
Aristotle leaves us an apparently contradictory account of the first cause: in the Physics it seems to be an efficient cause of motion, whereas in the Metaphysics it seems to be an exclusively final cause. In the long commentaries, Averroes offers a unique, unified interpretation of Aristotle’s prime mover that grounds much of Medieval and Renaissance reflection on causality and cosmology. Gaps remain in Averroes’ own account, however. For the Latin tradition, these gaps are filled in first and most systematically by John of Jandun, the “Averroistarum princeps” as he was named in the Renaissance. John’s philosophy came to be the focus of Renaissance Averroist debates over the correct interpretation of Averroes, not only on the intellect, but also on the prime mover.

This paper lays out the problem and introduces the Renaissance controversy that emerges in Vernia, del Medigo, Pomponazzi, Nifo, Zimara, and others.

VAHABZADEH, Bijan (Genève)
«Ibn al-Haytham sur la théorie des proportions»
Ibn al-Haytham (xe-xie siècles) est notamment l’auteur d’un commentaire sur les postulats des Éléments de géométrie, célèbre traité attribué au mathématicien grec Euclide d’Alexandrie (iiie siècle av. J.-C.), où il analyse et complète à sa manière les différents principes, axiomes et définitions énoncés par le géomètre grec.
Nous nous proposons ici d’examiner la partie de son commentaire qui traite des définitions du début du Livre V des Éléments, où se trouvent exposés les notions qui sont à la base de la théorie grecque de la mesure des grandeurs.

VENTURA, Iolanda (Universität Münster)
«Le Dioscorides alphabeticus : un exemple de pharmacopée arabo-latine»
Pendant le Moyen Âge, le De materia medica de Dioscorides (Ier siècle) n’est pas connu dans sa forme originaire en 5 livres, mais seulement sous forme de compilation alphabétique. Cette compilation est connue sous le nom de Dioscorides alphabeticus, et est organisée, comme le titre nous le montre, sous forme alphabétique. Cette œuvre est caractérisée par une forte réduction du nombre des remèdes médicaux traités (environ 1000 dans la version originale, 696 dans la compilation alphabétique), et par des changements importants dans le contenu. L’origine du Dioscorides alphabeticus est obscure : on suppose que l’œuvre fut écrite au sein de l’École Médicale de Salerne, et que son auteur avait utilisé des sources arabes pour intégrer ou modifier le contenu original du De materia medica. Cette supposition n’a jamais été confirmée par des études plus spécifiques analysant le contenu et les sources du Dioscorides alphabeticus.
Ma communication se concentrera sur deux aspects importants de l’origine et de la réception du De dioscorides alphabeticus : une première partie analysera le contenu de quelques chapitres sélectionnés de l’œuvre, avec le but d’y retrouver des traces de la tradition pharmacologique gréco-arabe, et de comprendre si le texte est vraiment le résultat d’un mélange entre médecine antique et arabe, et si ce mélange a vraiment pu avoir lieu dans le milieu de Salerne.
La deuxième partie de ma communication quittera le Haut Moyen Âge, pour se concentrer sur un aspect particulier de la réception du Dioscorides alphabeticus. On sait que la version imprimée de l’œuvre (Colle, 1478) est basée sur deux manuscrits de la Bibliothèque Nationale de Paris (Ms. Lat. 6819 et Lat. 6820), qui ont été lus et commentés par Pierre d’Abano. Les gloses de Pierre ont été imprimées avec le texte, et montrent l’amplitude de la culture médicale et pharmacologique de Pierre. Mon but est d’analyser ces gloses, pour en identifier les sources, et pour montrer que Pierre utilise un bouquet de textes arabo-latins pour intégrer, modifier, expliquer le contenu du Dioscorides alphabeticus.

VIVANCO-SAAVEDRA, Luis (Universidad del Zulia, Maracaibo)
«Ibn Khaldūn on Supernatural Perceptions: An Appraisal»
This paper makes a synthesis with commentaries on Ibn Khaldūn’s ideas about the variety and peculiar characteristics of supernatural perceptions, which he exposes in the first book of his Prolegomena (al-Muqaddima). Special focus is made on his treatment of two kinds of supernatural perceptions: those of prophets and soothsayers, for he assigns more importance to these kinds of perceptions than to others.
A hypothesis in relation to this emphasis is that it is rooted in his socio-historical vision of these kinds of extraordinary manifestations.

WARTENBERG, Ilana (Université de Tel Aviv/Université Paris 7)
«L’épître sur le nombre : la diffusion des mathématiques arabes en hébreu en Europe médiévale»
Dans mon exposé, je présenterai ma recherche doctorale sur le traité mathématique L’épître sur le Nombre (Iggeret ha-Mispar), qui a été composé en hébreu au xive siècle par l’astronome et poète juif, Isaac ben Shlomo ben al-Ahdab (ca 1350-ca 1429). Al-Ahdab a quitté la Castille et a résidé en terre d’Islam (Afrique du Nord ?), où il a étudié les mathématiques arabes, en particulier le traité de hisab d’Ibn al-Bannā’ (Talkhīs A‘māl al-Hisāb).
Quand al-Ahdab est arrivé plus tard en Sicile, la communauté juive lui a demandé de composer un livre sur la science du nombre. En conséquence, comme nous pouvons le lire dans l’introduction de l’épître, Isaac a décidé de traduire l’œuvre d’Ibn al-Bannā’ en hébreu (à la perfection !), auquel il a ajouté d’amples commentaires, des exemples et des problèmes de nature pratique. L’épître contient deux parties. Dans la première partie, on trouve le système décimal et les opérations arithmétiques de base (l’addition, la soustraction, la multiplication et la division) sur les entiers, les fractions et les quantités inexprimables. Dans la deuxième partie, on trouve les méthodes pour découvrir l’inconnu à partir du connu, soit par la règle de trois ou la balance, soit par les méthodes de l’algèbre. Dans cette partie on trouve aussi les opérations de base sur les polynômes. Cet ouvrage hébraïque témoigne donc de la diffusion de la tradition mathématique arabe dans les cercles juifs médiévaux.

ZIAI, Hossein (University of California at Los Angeles)
«How Does Philosophy Continue After the 12th Century?»
This paper will explore selected Arabic and Persian philosophical texts in order to ascertain the nature of post Avicennan philosophy. In the 15th and 16th centuries, authors such as Davvani and Dashtaki each wrote monographs on specific logical and philosophical problems, which will be discussed.
In the19th century, a new philosophical school formed around Hadi Sabzevari. A number of problems relating to the proposition “sameness of being and knowing” will be discussed in order to ascertain the nature of this new school’s philosophical discourse in a period usually thought to be devoid of philosophical analysis.

ZONTA, Mauro (Università di Roma)
«Pseudo-Nicholas of Laodiceas’ Ethical Treatise in the Arabic Tradition: New Tentative Conclusions»
In 1961, Malcolm Lyons published a study of the contents of a newly-discovered Arabic ethical treatise; according to its unique manuscript, it was translated from a Greek original text, to be ascribed to a certain “Nicholas”. A non-critical edition of the Arabic text was published by ‘Abd al-Rahman Badawi in 1979. It has been recently discovered that Avicenna might have known and quoted it.

In this paper, I will try to offer a tentative re-examination of this work, challenging the traditional ascription to “Nicholas” (either to Nicholas Damascenus or to an unknown “Nicholas of Laodicea”), trying to identify some of its unknown Greek sources, and suggesting new hypotheses about its datation and authorship. In particular, I will discuss the possibility that this treatise should be even ascribed to Themistius, or to some other 4th-century Greek author at least.

 

 

 

 

 



© 2006 IMSS · Piazza dei Giudici 1 · 50122 Firenze · ITALIA